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Ne pas laisser les pièges des copropriétés se refermer sur Bordeaux.

Publié le par Emmanuelle AJON

Ne pas laisser les pièges des copropriétés se refermer sur Bordeaux.

Monsieur le Président, chers collègues,

Nous ne pouvons que saluer le renouvellement de cette opération car il suffit de se promener dans les rues Bordelaises pour vérifier que l'objectif de mettre fin à l'habitat insalubre, le mal logement, la vacance ne sont pas encore atteints.

Je l'ai déjà souligné, lors de conseils métropolitains comme municipaux précédents, l'enjeu de ce nécessaire travail de réhabilitation des bâtiments du centre historique n’est sans doute pas le même pour tout le monde :

• permettre aux populations modestes de rester dans le vieux Bordeaux en luttant contre le mal logement, tout en intégrant les enjeux environnementaux, comme ceux liés au vieillissement, ou

• rejeter ces populations hors du centre ville, en laissant ce territoire entre les mains la promotion immobilière et des stratégies financières d'investisseurs.

Au lieu de répondre aux besoins de nos habitants, nous allons droit vers la gentrification de ces quartiers centraux et/ou vers la constitution d’un quartier musée investi presqu’uniquement par le tourisme. Loin de nous l’idée de rejeter les bienfaits qu’apporte le tourisme en terme économique. Mais cela ne doit pas se faire au détriment de ses habitants les plus modestes.

Or c'est bien ce qui est en train de se passer.

L'opération de rénovation du centre historique n’a pas atteint les objectifs assignés sur l'accompagnement des propriétaires occupants. C’est bien là un indicateur inquiétant en terme de gentrification, que nous devons prendre comme une véritable alerte.

Cependant, nous ne pouvons que nous féliciter d'ouvrir ces dispositifs d'accompagnement techniques et financiers de réhabilitation au bénéfice des copropriétés dégradées.

Même s'il est vrai que le secteur historique Bordelais en compte une part bien moindre que ceux des autres métropoles Françaises.

Nous devons avoir à l’esprit que les copropriétés que l’on laisse se dégrader sont une véritable « bombe à retardement » sociale. Pour rappel, en France, sur 6,6 millions de logements en copropriétés, 1 million sont en mauvais état et 100 000 en très mauvais état.

Cela a entrainé de manière insidieuse, les petits propriétaires modestes, vers une situation financière extrêmement difficile allant, trop souvent, jusqu’au surendettement avec des logements de mauvaise qualité et au final la création de zones "ghettoïsées ". Les quartiers que l’on dit sensibles sont d’ailleurs marqués par la grande proportion de ces copropriétés en difficulté avant de devenir dégradées au sens des critères officiellement retenus.

Or notre agglomération et, en particulier notre ville, si elles comptent aujourd’hui une proportion bien moins importante de copropriétés que dans d’autres agglomérations, voient ces dernières se développer incroyablement, depuis ces dernières années.

Elles sont nombreuses à se créer dans les nouveaux quartiers ( Ginko, Bassins à flot, Belcier, etc...) et, alors qu'elles sortent à peine de terre, nombre d’entre elles portent déjà les stigmates de futures copropriétés dégradées ( production immobilière de piètre qualité, mauvaise isolation tant thermique que sonore, nombreuses mal façons, vieillissement prématuré des bâtiments, élévation des frais de copropriété, turn-over important des locataires).

C’est pourquoi, Monsieur le Président, Monsieur le Maire, je propose que soit très rapidement mis en place un observatoire sur l’évolution de ces copropriétés afin d’éviter de tomber dans le piège aujourd’hui bien connu des copropriétés dégradées, lourd de conséquences pour l’avenir de leurs résidants, comme pour celui de l’ensemble de la ville et son développement harmonieux.

Cet observatoire permettrait d'agir avant de réagir, en maîtrisant la dépense publique, car c’est toujours à elle que l’on fait appel pour réparer la mauvaise exécution de ces travaux de construction, très onéreux, plombés par des investisseurs âpres aux gains, mais aussi dès le départ, par le coût de la spéculation foncière que vous n’avez pas voulu freiner par la mise en place d’un établissement foncier public.

C’est pourquoi, je vous félicite d’avoir su revenir sur cette position au travers de l’adhésion de la Métropole à l’établissement foncier d’Etat de la Nouvelle Aquitaine. Région, Département et Métropole marchant, dorénavant, dans la même direction foncière. Cela permettra d’héberger, il faut l’espérer dans des conditions raisonnables, populations existantes comme populations nouvelles, sous peine de freiner un développement durable et économique.

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