Osons au féminin la politique!

Publié le 14 Décembre 2013 par Emmanuelle AJON

Quand on est venu la chercher pour les municipales de 2008, elle n’avait pas imaginé faire de la politique. Mère de deux en- fants de 6 et 12 ans qu’elle élève seule, elle est directrice d’une agence HLM. «A l’époque on m’a dit que j’étais “kamikaze”.» Elle entend souvent sur un ton culpabilisant : «C’est pas trop dur pour tes en- fants ?» Et remarque qu’on ne pose pas la question aux pères. A Bor-deaux, où elle est conseillère muni- cipale socialiste, Emmanuelle Ajon travaille à l’élection de Vincent Fel- tesse... A qui elle avait dû céder la place de suppléant de Michèle Delaunay, actuelle ministre chargée des Personnes âgées, aux dernières législatives. «Quand il dit que, le mercredi, il veut dîner avec ses enfants, et qu’il rentre, on l’applaudit. Si une femme fait ça, c’est juste un pro- blème de femme. Un homme, c’est un hé- ros, une femme fait son devoir.» Ces agencements sont compliqués. Elle le sait : «Le temps politique, c’est un temps de présence, surtout quand on est une femme, si- non on vous pique votre place.» Elle qui ne se voyait pas dans «la bataille des places» a «mûri» son investissement. «Maintenant, je demande. Les hommes demandent ; nous, on se dit “bon, on vient me chercher, il faut le faire”.» Elle reconnaît que c’est un apprentissage.

«Michèle Delaunay m’a poussée : elle me disait souvent, “vas-y, il faut oser taper du poing sur la table”. C’est souvent le défaut des femmes, on se fixe nos propres barrières.»

CHARLOTTE ROTMAN

«Quand il dit que, le mercredi,
il veut dîner avec ses enfants, on l’applaudit. Si une femme fait ça, c’est juste un problème de femme.»

Emmanuelle Ajon conseillère municipale à propos du candidat PS à la mairie de Bordeaux