POurquoi j'ai voté contre la délégation de service public de la petite enfance
Je me suis souvent exprimée sur le sujet de la petite enfance, en demandant au maire de Bordeaux de ne pas brader le service public de la petite enfance, car il est porteur de l’avenir de notre société.
Malheureusement, je vais vous confirmer que nous y sommes et la grève fortement suivi du service municipal de la petite enfance vient malheureusement appuyer mes propos.
En effet, aujourd’hui, nous sommes face aux conséquences de la politique municipale et de celles mises en place par sa famille politique depuis 2008 nationalement, à savoir:
La Privatisation du secteur de la petite enfance
Une maltraitance des services municipaux de la petite enfance
La mise en place d’une politique de rattrapage nous mettant face à une politique de garde des enfants et non d’un accueil porteur dés le berceau de l’égalité des chances, de l’égalité professionnelle homme femme, mais aussi d’un accompagnement de la lutte contre la précarité .
1- Le démantèlement du service de la petite enfance a débuté en 2008, ou la ville de Bordeaux a suivi les réformes alors réalisées par sa famille politique (et sur lesquelles le ministère actuel essaie de revenir) mettant le champ de la petite enfance sur un champ commercial, en l’inscrivant la petite enfance dans la directive européenne des services. (ec.europa.eu/internal_market/services/services-dir/index_fr.htm)
Ensuite pour rendre cette activité réellement lucrative, il a été porté le décret Morano qui a permis d’augmenter le nombre d’enfants encadrer par les professionnels, fait baisser le niveau de qualification moyen d’encadrement dans un établissement, et créer le surbooking des berceaux ,sur le même principe que la vente à plusieurs personnes d’un siège d’avion afin, d’en assurer un remplissage optimal.
Les conditions ont été ainsi posées pour non seulement privatiser mais rendre rentable la gestion d’une crèche ce qui a entrainé d’ailleurs la cotation en bourse de certaines entreprises de crèches.
L’équipe municipale Bordelaise a alors choisi de prendre cette même direction en mettant en place les délégations de services publics sur les nouvelles crèches municipales et sur celles qui seront rénovées.
C’est un premier pas vers la privatisation de ce service. C’est un choix qui permet de dire aux Bordelais nous voulons bien investir sur vos enfants mais à minima, nous préférons prendre des risques financiers sur un stade que sur la petite enfance.
(Ne me répondez pas que le budget pour la petite enfance est très important et qu’il représente plus de 30 millions, il est à un niveau normal par rapport aux autres villes de même importance et n’a donc rien d’exceptionnel).
Pourtant n’est il pas un sujet ou nous devrions investir celui qui permet comme la souligné le rapport 2006 de l’OCDE, je cite « Le financement public et direct des services apporte des services à la petite enfance plus efficace, des avantages d’échelle, une meilleure qualité nationale, une formation plus efficace des éducateurs et un degré d’équité majeur en matière d’accès. »
De même le rapport précise que des prestations précoces touchant la petite enfance sont bien plus rentables que des interventions plus tardives en matière éducative.
C’est pourquoi je ne comprends vraiment pas la position de vision à court terme sur la politique de l’enfance de la ville de Bordeaux.
2- Tout amène à penser que ce choix n’est pris que pour palier à un manque crucial de places sur la ville qui n’a pas été vu et anticipé lors des mandatures précédentes.
Cela met en lumière le manque d’anticipation sur les besoins des nouveaux bordelais, un manque d’anticipation face à l’augmentation du nombre de familles monoparentales comme dans toutes les grosses agglomérations qui génèrent une demande encore plus forte de place d’accueil de la petite enfance.
Un manque d’anticipation sur les modifications du temps de travail, car vous ne le savez peut être pas mais aujourd’hui les horaires atypiques concernent 2 familles sur 3, aucune prospective n’a été faite pour accompagner ses familles dans la conciliation de leur vie familiale et leur vie professionnelle et cela reste pourtant un frein fort pour l’égalité professionnelle homme femme.
Le choix de la délégation de service publique est aussi un aveu du manque d’anticipation dans le domaine de la petite enfance. Il sera plus facile face aux Bordelais de reporter sur des opérateurs extérieurs les manquements en ce domaine et leur faire porter le poids des adaptations nécessaires non prévues par la municipalité.
3 – Pour aller plus rapidement vers la délégation de ce service public, ce qui est inquiétant c’est qu’on a l’impression que la ville a parallèlement maltraité le service municipal de la petite enfance.
En mettant une pression insupportable sur les fonctionnaires de ce service, en leur demandant des objectifs de remplissage des établissements, qui a été d’ailleurs souligner dans le rapport de la cours des comptes, qui a souligné l’importance du temps consacré par les professionnels de la petite enfance dans leur journée à chercher des « enfants » pour remplir les créneaux horaires libres.
Un fonctionnement qui entraine des conditions de travail insupportable pour ces professionnels qui sont attachés à la qualité d’accueil qu’ils offrent aux petits Bordelais , qu’ils ne peuvent plus assurer.
Comment peut on parler d’accueil et non de simple garde quand un professionnel le matin, de 8H00 à 9h00, seul doit accueillir en attendant l’arrivée de ces collèges à lui seul jusqu’à plus de 13 enfants.
On peut même se demander si dans ces conditions au-delà de l’abandon des lignes du projet éducatif, la sécurité n’est pas elle-même mise de coté.
Un service municipal maltraité dans la gestion de ses ressources humaines, avec un pull de remplacement complètement disproportionné et insuffisant.
Soulignant le manque de prise en compte d’un taux d’absentéisme pour maladie du à la pyramide de l’âge des collaborateurs, du à la pression et les conditions de travail vécues par les professionnels.
Cette gestion des ressources humaines brutale n’est pas sans conséquence pour les bébés Bordelais. En effet, une maman d’un petit Théo lors de son année de crèche a du durant sa première année s’adapter à plus de 5 référents car les remplaçants de la titulaire ne faisaient que courir de structures en structures pour palier d’absence en absence et ne pouvaient assumer le remplacement maladie de la référente de Théo de façon pérenne.
Ce point est crucial, car il a été largement souligné par le centre de recherche Innocenti (Unicef) que « pour bien grandir, l’enfant à besoin à la fois d’amour (ou d’attention), de confiance et d’adultes compétents engagés dans une relation suivie avec lui ».
Une maltraitance des professionnels passant par le déni de l’alarme sociale qui a été posé en janvier par les professionnels et auquel 4 mois après la mairie n’a pas pris la peine de répondre, obligeant les professionnels à faire grève et à descendre dans la rue massivement avec 13 structures fermées, fait historique pour ce service.
L’équipe municipale Bordelaise souhaiterait discréditer le service municipal de la petite enfance pour plébisciter une mise en place de délégation de service public et les crèches privées, ils ne s’en prendraient pas autrement.
Ces éléments que sont : le désir de privatiser le service de la petite enfance par cette famille politique, la politique municipale de rattrapage du manque de places de la petite enfance à n’importe quel prix et la maltraitance des services municipaux de la petite enfance, nous a amené à voter contre cette nouvelle dsp lors du dernier conseil municipal.
Car nous voulons affirmer notre différence claire de vision sur la petite enfance entre nos familles politiques et affirmer que nous voulons accompagner et assumer sans délégation un accueil porteur dés le berceau de l’égalité des chances, l’égalité professionnelle homme femme, mais aussi un accompagnement de la lutte contre la précarité, un investissement pour l’avenir qui ne peut se faire sur un contrat marchand.