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La ville et le bien viellir ou le respect des ainés par les politiques.

Publié le par Emmanuelle Ajon

 Les projections démographiques de l’INSEE prévoient un quasi-doublement du nombre des personnes de plus de 65 ans entre 2000 et 2050 alors que l’ensemble de la population n’augmenterait que de 9 % .

Aussi, un  des enjeux majeurs auxquels toutes les collectivités locales devront faire face, ces prochaines années, sera la gestion du bien vieillir.

La politique en faveur des séniors doit prendre de nombreux axes en compte, comme les transports, l'habitat, l'urbanisme, le logement, les prestations de services et le renforcement du lien social….

 

Pourtant, la prise en compte du phénomène du vieillissement dans les documents de planification reste très marginale….

 

On peut même penser que  la vieillesse est absente de la pensée urbaine comme  la ville est absente des politiques gérontologiques…

• la pensée urbaine a depuis l’origine centré  réflexion et  pratique sur les catégories sociales économiquement actives et sur les jeunes.

• la politique gérontologique est restée sur la prise en charge de la dépendance.

Les deux pensées ne se rencontrent pas. Et si la vieillesse ne commence guère avant 75 ans aujourd’hui, un âge de la vie se retrouve  sans pensée urbaine et politique.

 

Les Plan des Déplacements Urbains (PDU) assimilent handicap et vieillissement et le Schéma d’urbanisme commercial n’intègre pas non plus un regard spécifique sur les besoins en services de proximité nécessaires au maintien des personnes âgées dans leur quartier ou leur commune.

Peu de ville ou de commune ne pense en terme d aménagement dans la ville aux besoins spécifiques des personnes vieillissante et à leurs parcours dans la cité.

 

Pourtant, comme le précise le rapport Boulmier , «  l’adaptation de l’habitat et du cadre de vie constituent des enjeux fondamentaux pour les territoires urbains avec des problématiques plus fortes encore dans les périphéries dont l’offre de services et le maillage sont inadaptés ».

 

La mobilité est donc  un axe important du bien vieillir, pour ne pas entrainer un isolement précoce des ainés.

 Cela passe par des équipements  adaptés aux handicaps et à la perte de mobilité (plateau de monté à la hauteur des trottoirs, mobiliers urbains permettant de faciliter des haltes jusqu’à l arrêt de bus par exemple….), c’est ce qu’à fait la communauté urbaine par exemple avec ses bus et trams.

 Mais le réseau lui doit aussi être pensé pour et par les seniors, ce qui n’est malheureusement pas le cas dans de nombreuses villes. Je prendrais pour exemple la ville de Bordeaux et  le quartier du grand parc.

En effet, ce quartier populaire de Bordeaux comporte une forte densité de personnes âgées ne regagnant le centre ville que par la ligne 15. Hors cette ligne sans l intervention forte des associations et de Michèle Delaunay aurait pu disparaître avec la bénédiction de la ville. Celle-ci aurait immanquablement entrainé une perte d’autonomie pour ces seniors. Hors à un certain âge toute perte d’autonomie entraine un isolement qui une fois installé et souvent irrémédiable.

Il en de même pour certains quartiers comme la Benauge ou l’arrivée du tramway a souvent fait disparaître des désertes ou modifier les fréquences de transports, isolant chacun dans son logement. Ainsi la mise en place  de navettes électriques serait pour certains quartiers, nécessaires pour rejoindre les lignes de tramway, inaccessible pour de nombreux seniors certain âge toute perte d’autonomie entraine un isolement qui une fois installé et souvent irrémédiable.

 Mais hormis le maillage le développement des services innovants, notamment les services à la personne permettent de maintenir une vie sociale et autonome avec la mise en place par exemple de pedibus  ou des plateforme de  covoiturage senior permettant a chacun de continuer à sortir et d’atténuer le sentiment d’insécurité souvent grandissant avec l âge, sont des pistes intéressantes à exploiter pour les communes et les ccas.

 

  De plus avec l'âge, les rythmes et les modes de vie changent. La retraite met fin aux mouvements quotidiens domicile-travail. Le départ des enfants, le veuvage laisse parfois de grandes maisons vides qui, au fil des années se révèlent souvent inadaptées. Le maintien dans un logement autonome est surement une clef pour le bien vieillir dans une ville, la difficulté de se maintenir dans un logement parfois trop grand , trop lourd à entretenir , ou dans un quartier trop isolé, est un véritable enjeux pour les personnes , comme pour les collectivités qui doivent aujourd’hui prévoir des moyens de loger des seniors en adaptant l habitat à cette évolution démographique. Ce phénomène est aujourd’hui accentué par la précarisation des retraités qui ne peuvent entretenir leur logement les laissant vivre dans des conditions de vie précaire ou parfois proche de l insalubrité pour les plus fragiles économiquement.

 Les solutions en terme d’habitat sont pourtant existante mais à développer et dont il faut assumer le surcout :

 Les résidences pour personnes âgées (EHPA) sont réservées à des personnes  autonomes qui ne veulent ou ne peuvent plus vivre isolées. Les logements sont indépendants, mais un grand nombre de services est accessible aux résidants : restaurant, services ménagers et paramédicaux, et même animations. Une étude a révélé que les résidences pour personnes autonomes permettaient très nettement de retarder le passage à la dépendance. Les RPA amènent aussi une solution économique car les loyers sont maitrisés.

L’obligation de créer et de réserver des logements adaptés aux seniors dans toutes les opérations immobilières des bailleurs publics, c’est un surcout à prévoir et à accompagner, en particulier sur du foncier particulièrement central.

Il conviendrait d’inciter à la création d’une catégorie « logements adaptés pour personnes âgées » pour les collectivités lors de la réécriture de leur PLU. Il pourrait ainsi être envisagé la création d’une demi-aire de stationnement par logement pour cette catégorie ainsi qu'un renforcement des accès et du nombre de places handicapées.

La colocation choisi qu’elle soit intergénérationnelle ou entre seniors, les politiques publiques dans ce cas  peuvent être facilitatrices  par le soutien aux associations porteuses de ce type de projet ou en mettant en place ce service elles même.

Mais les seniors sont aussi en recherche de  logement associé à une demande de services

En effet ; si les personnes âgées désirent rester dans des « logements ordinaires », banalisés, elles souhaitent un certain nombre de services. Cette demande concerne aussi bien des services à domicile que des services au niveau de l’immeuble, privé ou public (gardien, sécurité) ; elle concerne également les services au niveau du quartier et de la ville.

L’accessibilité à internet est aussi un service permettant une lutte contre l isolement et donc  un des facteurs pour rompre l isolement.

En tout état de cause, le développement de solutions diversifiées de logement pour les personnes avancées dans l âge nécessite une analyse des besoins et des attentes de ce public mais celle-ci reste encore faiblement analysées.

Bon nombre d’analyses de chercheurs convergent sur la nécessité de développer une approche globale de la personne âgée, d’intégrer le logement dans son environnement pour éviter qu’il devienne un espace d’isolement, l’adaptation de l’habitat et des services étant insuffisante si l’accessibilité à la ville n’est pas garantie.

 Mais en tout état de cause,  les villes doivent plus tendre vers la recherche de la labellisation de villes ami de l’âge que vers une dérive ségrégationniste allant vers la création de quartier residentialisé et fermé non ouvert sur la vie de la cité.

  

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